mardi 5 février 2008

In Erinnerung an Karl Philipp Roos

Le 7 février 1940 Karl Roos tombait pour l'Alsace-Lorraine sous les balles d'un peloton d'exécution français sur le terrain militaire de Champigneulles près de Nancy. Avec lui s'en est allé un précurseur et un martyr de la résistance alsacienne-lorraine contre la domination étrangère française. Il fut condamné à mort pour haute trahison, bien que pas la moindre preuve de cette prétendue haute trahison n'ait été apportée.

Le crime de Karl Roos était d'aimer sa patrie, comme peu d'autres, et d'être révolté par les intentions françaises, de prendre sa langue et son âme au peuple alsacien-lorrain. Car pour le germaniste qu'il était, la langue n'est pas qu'un simple moyen de communication, elle est l'héritage des plus lointains ancêtres, un patrimoine qui doit être transmis à la génération suivante.

Telles furent les pensées de l'instituteur et plus tard de l'homme politique Karl Roos. Karl Philipp Roos nait un 7 septembre 1878 à Surburg/Surbourg (arrondissement de Wissembourg). Son père, Nikolaus est directeur d'école, sa mère Maria Anna née Duckert, est issue d'une vieille famille de Durrenbach. Il fréquente l'école primaire de Nordhouse où son père avait été muté puis le lycée à Schlettstadt. En 1897, il obtient son Abitur. Il s'inscrit à l'université de Freiburg puis à la Reichsuniversität Kaiser Wilhelm de Straßburg, où il devient Docteur en philosophie en 1903 avec une thèse sur les mots étrangers dans les dialectes alsaciens: « Fremdwörter in den elsässischen Mundarten ».

Lors de la 1ère guerre mondiale, il est enrôlé le 3ème jour de mobilisation en tant qu'adjudant (Vizefeldwebel). Il obteint lors de la bataille d'Anvers (1914) la croix de fer de 2. classe. Il sera réformé comme lieutenant et chef de compagnie en Belgique et au Luxembourg à cause d'un problème aux oreilles.

Après la 1ère guerre mondiale, il revient en Alsace-Lorraine et reprend l'école commerciale Hertel'sche située à Strasbourg-Neudorf, renommée "Collège Roos", qui sera contrainte par l'administrarion française de fermer. En 1924, il est nommé inspecteur des écoles françaises en Sarre. Etant en désaccord avec la politique d'assimilation de l'état français, il démissionne peu de temps après. Comme patriote et journaliste, il se consacre à la politique, plus tard et il dirige comme président, la Unabhängige Landespartei (Parti National Indépendant).

Signataire du manifeste du Heimatbund, il est condamné par contumace en 1927 lors du jugement du procès du complot de Colmar (der Komplotprozess) à 15 années de forteresse. Comme il se trouvait en Suisse au moment du procès, il put se soustraire audit jugement. Un an plus tard, en 1928, il se constitue prisonnier et est acquitté lors d'un nouveau procès à Besançon (1929). Avant sa libération et pendant ses 7 mois de détention préventive le Dr. Karl Roos est élu au conseil municipal de Straßburg.

Le 4 février 1939 le Dr. Karl Roos est à nouveau arrêté et incarcéré sous l'accusation d'espionnage à la prison militaire de Nancy. Le 23 octobre le procès commence, l'accusation s'intitule: espionnage au profit de l'ennemi ! Le 26 octobre il s'achève avec une condamnation à mort. Aussitôt après sa condamnation le Dr. Karl Roos doit endosser les vêtements de condamné et se rendre à la cellule des condamnés à mort.
Le prisonnier est surveillé jour et nuit par un gardien. A la nuit tombée on lui entrave les bras. On lui fait porter aux pieds des chaînes d'environ dix livres. Ce que cela signifie, est difficile à se représenter pour qui n'y fut pas confronté, cependant, le Dr. Karl Roos resta imperturbable face à cet ignoble traitement.

Le 7 février 1940 vers 6 heures du matin la porte de la cellule s'ouvre et le colonel Marcy entre. Le Dr. Karl Roos dormait encore, un compagnon de cellule le réveille. Il reconnaît le colonel. Celui-ci lui dit: « Roos, ayez du courage! Votre heure est venue. » Le Dr. Karl Roos lui réplique: « Je proteste. Vous savez très bien, que je suis innocent!»

Devant la prison un véhicule attendait le condamné à mort. Après environ 20 mn de route, la voiture arrive dans cette même commune de Champigneulles. Sur le champ de tir, un poteau fut planté en terre. Le Dr. Karl Roos pris congé du prêtre par ces mots: « Je meurs fidèle à ma foi, à ma patrie et à mes amis. »


Deux soldats le conduisent au poteau. Il ne fut pas autorisé à mourir debout. Les Français voulaient encore humilier le condamné innocent à l'heure de sa mort. On l'oblige à s'agenouiller, on lui attache les mains dans le dos ainsi qu'au poteau. De même, on lui bande les yeux. Ses derniers mots furent: « Jésus! A toi ma vie! Jésus! A toi ma mort! » (Jesu! Dir mein Leben! Dir mein Tod!) A neuf mètre du poteau, le peloton d'exécution pris position. On ordonna au douzième homme de viser au cœur. La salve crépite. Le Dr. Karl Roos avait rendu l'âme. Cependant un sous-officier dut lui tirer le coup de grâce dans la nuque conformément au règlement. Il avait 61 ans.

Le Dr. Karl Roos fut enterré au cimetière de Champigneulles dans le carré sud-ouest. Une simple croix de bois portant le nom de Roos indiquait la tombe.

Il tomba comme Andreas Hofer en son temps, qui mena la résistance tyrolienne contre Napoléon.

La dépouille du Dr. Karl Roos fut ramenée en Alsace-Lorraine le 19 juin 1941 avec les honneurs militaires, où il trouva provisoirement la paix jusqu'en 1944 à la Hünenburg (près de Zabern/Saverne).Lorsque les Français revinrent dans le pays, ils n'eurent rien de plus pressé à faire que de déterrer la dépouille du château, pour l'emporter en un lieu inconnu. Jusqu'à ce jour, les autorités françaises d'occupation en Alsace-Lorraine n'ont pas divulgué le lieu où repose la dépouille du Dr. Karl Roos.

2 commentaires:

Monsieur Estades de Moncaire a dit…

Honteuse et sincerement peu démocrate cette attitude jacobine et totalitaire envers la mémoire d'un homme dont le crime fut d'avoir aimé la langue et la culture de son pays de sa propre régions.
Alte! Ni fascistes ! Ni communistes!
Patries Libres et naturelles!

Jean-Michel TUCHSCHERER a dit…

L'assassinat de Karl Roos, dont je ne pris connaissance qu'en Amérique du Nord où je me trouve depuis 1982, me révolte en tant qu'alsacien au plus profond de moi-même. Il s'agit d'un acte criminel monstrueux, une vengeance arbitraire, commis par une France en pleine déconfiture éthique, morale et surtout spirituelle.

Jean-Michel Tuchscherer