mercredi 30 avril 2008

Vor 80 Jahren: der Komplot-Prozess

Nous reproduisons ici fidèlement le texte de Gérald Müller paru il y a plus de 10 ans dans le mensuel Neues Elsass-Lothringen et retraçant le fameux procès du "complot de Colmar" où la justice française inculpa, sans aucune preuve, une grande partie des chefs autonomistes alsacien-lorrains dans le but de décapiter ce mouvement populaire contestataire qui refusait de courber l'échine devant les enragés jacobins et leur dessein.

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Ce mois de mai 1998 marque pour l'Alsace-Lorraine le soixante-dixième anniversaire du fameux procès de Colmar, aujourd'hui oublié par la plupart de nos compatriotes, (qui certes n'apprennent pas leur histoire nationale dans les écoles françaises), et qui est un exemple éloquent de la façon dont la France «démocratique» traite ceux qui prétendent rester fidèles à leur identité et aux valeurs qu'elle véhicule. En 1928, dix ans après le retour des Français en Alsace-Lorraine, la situation dans le pays est pour le moins agitée. Il n'aura fallu que quelques mois à la population pour qu'elle se rende compte du désastre provoqué et programmé par les vainqueurs. Les Français, à force d'entêtement et d'ignorance, ont réussi, véritable tour de force, à créer l'union sacrée pour la défense de l'identité nationale que matérialisait le Einheitsfront, Front Unique, qui regroupait les autonomistes, les communistes, et les cléricaux! Ces deux derniers étant bien entendu tout aussi autonomistes que les premiers. C'est l'époque où le secrétaire général du Parti communiste français venait en Alsace-Lorraine affirmer le droit à l'indépendance nationale de notre pays, n'hésitant pas à prôner la séparation d'avec la France! C'est l'époque encore où le préfet prononçait la dissolution du conseil municipal de Hagenau en Basse-Alsace, (24/01/1928), jugé trop autonomiste par le pouvoir colonial, que le peuple cependant rétablissait intégralement en place au moyen du bulletin de vote, pour envoyer promener la France, son opinion publique, sa liste bidon et franchouillarde, et son préfet moralisateur qui souhaitait pieusement par le biais de cette dissolution autoritaire, «donner à la population l'occasion de se réhabiliter aux yeux de l'opinion publique de la France entière»... Devant le fiasco manifeste de la politique d'assimilation forcenée engagée par ce pouvoir étranger absolument inconscient de la réalité politique d'Elsaß-Lothringen, qui s'était largement émancipée durant le demi-siècle qu'avait duré le retour à l'Allemagne, chacun pouvait espérer au moins une remise en question de la «méthode» française. C'est bien mal connaitre l'esprit fanfaron et prétentieux qui caractérise nos voisins d'outre-Vosges, (qui sont à cette heure et aux dernières nouvelles, toujours aussi persuadés que le monde entier envie leur prétendue supériorité...), empêtrés depuis des siècles dans leur arrogance, il n'y avait aucune raison que ça change tant il est vrai que la propension au changement implique un minimum d'intelligence. Ce peuple se dresse comme un seul homme et brandit ses couleurs nationales en affirmant son droit à l'autodétermination? Il ne peut s'agir que d'une manipulation orchestrée de l'étranger: un complot!

Un complot destiné à déstabiliser la République une-et-indivisible! Voilà la raison, il ne reste plus qu'à démasquer les coupables et s'il ne s'en trouvait pas, on n'hésiterait pas un instant à les fabriquer de toutes pièces, fausses preuves à l'appui, intérêt supérieur exige! L'union sacrée n'a pas non plus manquée de se réaliser en France, puisque le pouvoir a trouvé dans la presse un soutien inconditionnel et fanatique, tout disposé à relayer et amplifier les allégations les plus farfelues. Le regretté Pierri Zind dans son fameux Elsaß-Lothringen une Nation lnterdite (éd. Copernic), raconte par exemple que : «La Schutztruppe de Paul Schall, une formation de défense d'une quarantaine de personnes», (rendue nécessaire par la violence des milices françaises d'extrême-droite NDLR), «au surplus confondue avec le Stosstrupp, ou troupes de choc, du baron von Bulach qui n'avait jamais dépassé le stade du rêve, devint pour le 'Lorrain' une force militaire de 11 régiments de 300 soldats chacun!» Le décor est planté, la farce va pouvoir se jouer, mais elle tournera rapidement au drame. Le président français, Poincaré, lors d'un banquet organisé à Straßburg et où furent convoqués les 559 maires de Basse-Alsace, crut bon d'annoncer que l'Alsace sera stupéfaite des infamies qui seront «révélées» au procès, qui du reste n'avait pas encore commencé. Il semblait ignorer totalement que l'Alsace en question votait autonomiste et défilait quotidiennement, Rot un Wiß au vent, pour exiger que soit respecté son droit à disposer d'elle même! Mais les législatives des 22 et 29 avril 1928 servirent probablement à le renseigner, puisque sur 16 députés, le pays envoya 9 autonomistes à Paris... dont deux des inculpés du fameux procès qui commençait le surlendemain: Eugen Ricklin et Josef Rossé, tous deux incarcérés dans les prisons de la République! 22 accusés parmi lesquels donc le Dr. Eugen Ricklin, premier président d'Elsaß-Lothringen alors âgé de 65 ans, les journalistes Schall et Fashauer, l'enseignant Rossé, et le Dr. Karl Roos réfugié en Suisse. La défense était assurée par trois avocats autonomistes alsaciens-lorrains, assistés de deux avocats bretons et de deux avocats corses. La presse internationale remplissait la salle, et à l'extérieur l'armée française maintenaient la foule alsacienne à distance. Le déroulement du procès fut une sordide mascarade pour la simple raison que l'accusation de complot ne pouvait absolument pas être démontrée, mais on aura compris qu'il ne s'agissait que du prétexte nécessaire à la mise en scène de ce procès politique. Le procureur général Fachot (c'était son nom), utilisa par exemple les almanachs de l'artiste Solveen, l'un des accusés, qui évidemment présentaient les maisons paysannes ou les citations et proverbes traditionnels allemands d'Alsace-Lorraine, pour démontrer les intentions séparatistes des prétendus comploteurs! Toujours a propos de Solveen, l'accusation a fait citer comme témoin à charge, un policier de Straßburg, Becker, venu affirmer que l'art du peintre était autonomiste. L'avocat corse Feuillet intervint alors pour demander ce qu'était la peinture autonomiste. Becker expliqua que Solveen s'inspirait de maîtres allemands. Feuillet demanda pourquoi dans ce cas on n'avait pas arrêté Albert Dürer (mort 400 ans auparavant), et Becker de répondre: Parce qu'il se cache à Berlin! L'ensemble serait pitoyablement grotesque si l'on ne jouait pas là l'avenir de compatriotes parmi les plus courageux et les plus déterminés. Commencé le 1er mai, l'audience se termine le 24. Après une heure et demi de délibération, le jury revient faire part de ses décisions. Onze des quinze accusés présents sont acquittés. Ricklin, Rossé, Fashauer et Schall sont condamnés à 1 an de prison et 5 années d'exil. Les sept accusés absents dont Karl Roos, écopent de peines allant de 10 à 20 ans de détention. Le peuple massé devant le tribunal conspue le verdict et entame des chants patriotiques dont: 0 Straßburg du wunderschöne Stadt. Karl Roos se livrera volontairement à la police française et sera jugé à Besançon également en assises, treize mois après le procès politique de Colmar. Il sera acquitté par le jury, dont l'un des membres aura cette phrase historique: «Cette affaire n'a pas sa place en cour d'assises, mais au parlement à Paris!» Le procès était bien politique et la rancune tenace, puisque le Dr Karl Roos sera fusillé par les Français quelques années plus tard. Le Forum Nationaliste d'Alsace-Lorraine salue la mémoire des patriotes et résistants victimes de la répression du pouvoir colonial français. En 1998, cette répression se poursuit inexorablement à l'encontre des défenseurs des peuples opprimés de l'Hexagone, qu'ils soient de Corse, de Bretagne ou d'ailleurs. Le délit d'opinion demeure en vigueur dans les faits, et les prisonniers politiques sont impitoyablement poursuivis. Mais le courage de nos prédécesseurs n'aura pas été vain: Elsaß-Lothringen est toujours debout, et rien n'empêchera ce peuple de poursuivre sa marche légitime vers la Liberté.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"«au surplus confondue avec le Stosstrupp, ou troupes de choc, du baron von Bulach qui n'avait jamais dépassé le stade du rêve, devint pour le 'Lorrain' une force militaire de 11 régiments de 300 soldats chacun!»"

Bonjour et tout d'abord félicitations pour ce site bien fourni; c'est tellement rare de trouver une source où ce ne sont pas des "jacobins" qui refont une Histoire qui n'est pas la leur...

Je suis un peu chagriné cependant de voir Poincaré considéré comme Lorrain-entre-guillemets. Que lui reprochez-vous, au juste? D'être un va-t-en guerre "pour la gloire de la France et la joie des Parisiens", ou bien d'être un simple péquenaud francophone et meusien? Merci de m'éclairer.