jeudi 24 avril 2008

En attendant le 7 mai...

Le texte qui suit, présenté ce matin par Euskal Konfederazioa, fédération regroupant des associations militant en faveur de la langue basque, est issu d'une plate-forme créée il y a un mois, dans le but de demander au Gouvernement français de prendre des mesures en faveur d'une reconnaissance officielle des langues régionales. La plateforme est composée de divers mouvements et associations œuvrant en faveur des langues minorisées présentes sur le territoire français, à savoir :

- Anem Oc (Occitanie),
- Conseil Culturel de Bretagne (Bretagne),
- Culture et Bilinguisme d'Alsace et de Moselle (Alsace),
- La Federacio (Catalogne), Lofis, Tikouti,
- Association des Enseignants certifiés de Créole (La Réunion),
- Parlemu Corsu (Corse),
- Euskal Konfederazioa (Pays basque).

C'est la première fois que ces acteurs se réunissent au sein d'une plate-forme.


Manifeste pour un statut légal des langues régionales de France

La préservation de la diversité linguistique et culturelle est un enjeu majeur pour l'humanité.

Du fait de l'absence de politique publique, et faute d'un statut légal, nos langues sont particulièrement menacées dans leur transmission et leur développement.

Depuis plus de trente ans les organismes internationaux et européens (Parlement européen, Conseil de l'Europe, Conférences sur la sécurité et la coopération en Europe, Nations Unies, Unesco) n'ont cessé de rappeler l'importance des langues dans le patrimoine de l'humanité et d'inciter les États à prendre des mesures efficaces pour assurer la défense et le développement des langues, spécialement des langues régionales ou minoritaires.

Paradoxalement, la France « Pays des droits de l'Homme », mène depuis trop longtemps une politique linguistique négative envers les langues autres que le français présentes sur son territoire. Aujourd'hui encore, elle refuse de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (1992), elle détourne de son objectif l'article 2 de la Constitution (1992) pour l'utiliser contre les langues régionales et territoriales.

En pleine conformité avec les textes internationaux et européens nous pensons que :

- Dès lors qu'elles servent de moyen d'expression à des êtres humains, les langues sont égales.
- La valeur de toutes les langues est identique de même que la dignité des personnes qui les parlent.
- Elles ont toutes, en soi, les mêmes capacités de développement.
- Tous les locuteurs doivent être traités à égalité, avec le droit de recevoir et de transmettre, d'utiliser et de développer leur langue tant dans le domaine privé que dans le domaine public.

En application de ces principes, nous revendiquons l'adoption d'un dispositif législatif pour nos langues dans le droit français accompagné de politiques linguistiques volontaristes et efficaces sur nos territoires, fixant des objectifs à atteindre et dotées des moyens humains et financiers pour les satisfaire. Si chaque institution (Communes, Communautés de Communes, Départements, Régions) doit prendre en charge ce qui relève de ses attributions, il appartient à l'État d'adapter sa législation en conséquence (adaptation de la Constitution, loi spécifique, co-officialité de nos langues dans les territoires qui le demandent...).

Ces revendications ont pour unique but de permettre à nos langues de vivre et à ceux qui le désirent de les utiliser.

*

2008 : Année Internationale des Langues !

EXEMPLES DE MESURES POUR UNE POLITIQUE DE NORMALISATION LINGUISTIQUE

Vie publique :

Adoption de mesures visant à assurer la présence de nos langues dans la vie publique et sociale. Par exemple: respect de la toponymie et mise en place de la signalisation bilingue. Encouragement à l'utilisation de la langue dans les lieux publics (services publics, administrations...) et dans la vie sociale (activités périscolaires, petite enfance, loisirs…).

Enseignement :

Offre généralisée dans tous les établissements scolaires, de la maternelle à l'université :
- D'un enseignement en immersion.
- D'un enseignement bilingue à parité horaire.

Intégration des apports de nos langues et cultures au socle commun de connaissances.
Développement d'un enseignement spécifique en direction des adultes, y compris dans le cadre de la formation professionnelle publique et privée.
Développement d'une politique d'offre généralisée au niveau de la formation permanente.

Médias :

Création d'un service public complet de radio et de télévision émettant dans chacune de nos langues.
Octroi d'une aide spécifique accrue pour les opérateurs privés (radios associatives, télévisions, presse, nouveaux médias) qui œuvrent à la diffusion de nos langues.

Création et développement de la culture :

Soutien à la création dans nos langues se traduisant par une politique spécifique en faveur de l'édition, du théâtre, du spectacle vivant en général, du cinéma et de la musique, afin de permettre à la population de découvrir des cultures souvent occultées.

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