vendredi 21 décembre 2007

Einer von uns: Tomi U.

Le magazine culturel Poly de décembre (disponible chez tous les marchands de journaux au prix de 4€) nous livre un bien bon cadeau de Noël : Tomi Ungerer en couverture... et une interview explosive, intitulée 'Réanimer les consciences', Il défend l'Elsassertum avec des mots très forts. Morceaux choisis:A la question "Avez-vous le sentiment que l'Alsace a du mal à reconnaître ses propres talents?", Tomi répond :
"Vous savez, c'est une histoire très compliquée. Il y a ce nombrilisme incroyable et en même temps (...) si en Alsace on ne sait pas qu'on a du talent, c'est à cause de la centralisation parisienne. Si on n'est pas passé par Paris, vous comprenez, on n'est rien! On a été marqué par l'assassinat culturel français, après la guerre qui nous a complètement réduits. L'autre jour, j'ai dit au nouvel ambassadeur de France en Allemagne, à Berlin : 'Vous savez, en Alsace, on a une chance, c'est de ne pas avoir besoin d'être reconnu à Paris, pour être connu en Allemagne, ou même à l'étranger.' Ce qui est un peu mon cas. Pour nous, il est préférable d'aller à l'étranger que de monter à Paris. Moi, j'ai foutu le camp après la guerre. Deux ans après la guerre, j'en avais déjà marre des Français!

(...) C'est pas croyable, ce qu'on a comme talents en Alsace. (...) On pourrait imaginer que l'Ancienne Douane, à Strasbourg, serait réservée aux artistes de notre époque. Ca c'est un exemple typique. Naturellement, s'ils étaient connus à l'étranger, on les accueillerait au retour. En littérature, forcément, on a été 'gallicisés' comme des volailles! Malheureusement, la province joue le jeu de la centralisation. Là, il faut aller à Paris, mais moi j'insiste pour que mes livres soient publiés en Alsace pour prouver aux Français que nous aussi, on sait publier des livres. Il n'y a pas ce problème en Allemagne : Munich, Hambourg, Berlin, Francfort, toutes ces villes ont une importance égale.

(...) En Alsace, dans les collectivités, le budget de la culture est important. Ca n'est pas l'administration qui ne reconnaît pas le talent des artistes, c'est Paris! Là, avec mon musée, c'est presque une déclaration d'indépendance. (...) Pour obtenir certains résultats, il faut réanimer la conscience des gens. Et pour cela, il faut donner un coup de poing dans la cervelle."

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