mercredi 16 janvier 2008

En douce

Pemettre à la France de ratifier une bonne fois pour toute cette foutue charte européenne sur les langues régionales ou minoritaires, c'était l'objectif de l'amendement 13 présenté aujourd'hui par Marc Le Fur (député UMP des Côtes d'Armor), soutenu par une cinquantaine de députés de la même couleur dont 9 (sur 15 députés UMP alsaciens) pour l'Alsace. Dans la foulée, le groupe socialiste, par la voix d'une autre bretonne, Marylise Lebranchu, présentait l'amendement 12, qui comme son clone UMP, vise à "aménager" l'article 2 de la Constitution française qui affirme, au cas où on ne le saurait pas encore, le caractère monolingue de la République.

art. II alinéa premier: La langue de la République est le français (!)




Le microcosme parlementaire s'agite. Les échéances électorales sont proches. Chacun y va de son amendement, histoire de faire plaisir aux petits vieux bretonnants et autres glossophiles qui, après X tentatives infructueuses devant la chambre, garderaient toujours espoir. Allons-y gaiement, c'est pour marquer le coup! Le régionalisme, c'est tendance. Ça fait vendre. Nous les avons tous vu, nos chers députés (UMP), le poing dressé contre le coup de grâce que Paris a donné au bilinguisme, le ministre de l'Intérieur qui faillit interdire la langue de Goethe sur les professions de foi. La bête est morte de toute façon, faute d'ambition de nos concitoyens et de volonté politique.

Tous au garde-à-vous qu'ils sont! Notre premier ministre "2 de tension" a exigé de ses députés de ne plus évoquer le débat sur les langues régionales minoritaires avant... le mois de mars (1), comprenez après les municipales. Mettez la en veilleuse, ce n'est pas le bon moment pour en parler. Ça n'est d'ailleurs jamais le bon moment! Des décennies qu'on nous bassine avec des incompatibilités consitutionnelles et autres excuses à la noix. Bref, les amendements 12 et 13 ne sont pas adoptés.

Ceux qui croient qu'un vulgaire gadget juridique, charte européenne ou loi française, sauvera une langue en déclin se trompent lourdement. La ratification de cette charte ne sera qu'un défouloir éphémère où s'élèveront les "Hàn ihr gsähn, nous avions raison de nous battre, la France a cédé, demain sera différent". Le changement? Foutaises! Bien aveugle celui qui ose affirmer que le protocole de Kyoto ou un Grenelle vert rendra l'air plus respirable pour nos enfants. Faire revivre une langue est une tâche bien plus immense que l'interdiction de la consommation tabagique dans les lieux publics dont on nous rabâche les oreilles.

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Ce n'est pas que l'État français n'y croit pas, il n'en veut tout simplement pas, la situation actuelle est trop confortable pour lui. Les dés étant pipés, à quoi bon s'acharner. A nous autres de trouver autre chose.

1. Selon Agence Bretagne Presse

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