samedi 31 mai 2008

31 mai 1911: une Constitution pour l'Alsace

Suite à la défaite française de 1871 et la signature du traité de Francfort, l’Alsace-Lorraine est directement incorporée à l’Empire allemand, devenant Reichsland Elsass-Lothringen/terre d'Empire. Contrairement autres Etats composant l'Empire, elle ne bénéfice alors d’aucune souveraineté. Le problème est dès lors posé. Comment intégrer à l'Allemagne récemment unifiée une région germanique par ses mœurs, son expression et son Histoire mais coupée politiquement de cette dernière depuis deux siècles? Un long processus se dessine...

Le Landesausschuss

Ce n’est qu'après la publication d’un décret impérial du 29 octobre 1874 qu’une délégation régionale nommée Landesausschuss composée de 30 membres est mise en place. Les membres du Landesausschuss ne sont pas directement élus par le peuple mais sont nommés par les conseils généraux/Bezirkstage. Sont élus 3 représentants pour la Lorraine et 10 chacun pour la Basse-Alsace (Unterelsass) et la Haute-Alsace (Oberelsass). En 1879, la délégation est élargie à 58 membres, dont 11 élus pour la Lorraine, 10 pour la Haute-Alsace et 13 pour la Basse-Alsace. Les villes-arrondissement (kreiesfreie Städte) de Strasbourg/Strassburg, Colmar/Kolmar, Mulhouse/Mülhausen et Metz élisent chacune 1 délégué. Sont aussi élus au suffrage indirect 20 représentants d’arrondissement (Landkreisen).

Le Landesausschuss ne remplit pour le moment qu’une fonction consultative. Le pouvoir est soumis à l’Empereur par le biais de son représentant, le Statthalter (gouverneur) demeurant à Strassburg/Strasbourg. Dès 1877, le Landesausschuss obtient un pouvoir législatif ainsi qu’un droit budgétaire (Haushaltrecht) puis en 1879, il obtient également le droit d’initiative législative. Les lois doivent cependant être ratifiées par le Bundesrat/Conseil fédéral de l’Empire.

Palais du Landesausschuss/Landtag

Une marche vers l'émancipation politique

Le 31 mai 1911 et pour la première fois de son histoire entre en vigueur la Constitution (Landesverfassung) du Reichsland Elsass-Lothringen. Le Landesausschuss est remplacé par un Landtag, véritable parlement régional. Elsass-Lothringen devient Bundesstaat de l’Empire.

Selon la Constitution, le Landtag est composé de deux Chambres :

La 1ère Chambre est composée :

  • de 2 évêques catholiques-romains du Reichsland
  • d’un président du haut Consistoire de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg
  • d’un président de l’Eglise réformée
  • d’un président de la haute Cour de Justice
  • d’un représentant de l’Université de Strasbourg (Kaiser-Wilhelms-Universität)
  • d'un représentant du Consistoire israélite
  • de 4 représentants des villes de Strasbourg, Metz, Colmar et Mulhouse
  • de 6 représentants des Chambres de Commerce
  • de 6 représentants des Chambres d’Agriculture
  • de 2 représentants des Chambres d’Industrie

  • de 3 représentants de syndicats

s'y ajoutent autant de membres nommés par le Kaiser.

La seconde Chambre est composée de 60 députés élus au suffrage universel direct pour une durée de 3 ans. Ils représentent leur circonscription électorale nommée Wahlkreisen.

Une loi est promulguée lorsqu'elle est votée par les deux Chambres et validée par le Kaiser, qui conserve toujours le pouvoir exécutif, ce qui ne manque pas d'irriter les partisans d'une autonomie plus large.

La première et unique élection (Landtagswahl) se déroule le 22 octobre 1911 donnant gagnant (devant la Sozialistische Partei Deutschland de l'époque) le mouvement autonomiste et progressiste Elsass-Lothringische Zentrumspartei (ELZ) avec 31% ce qui lui permet d'obtenir 24 sièges.

Le 6 décembre a lieu la première session au Landtag. Le Dr. Eugène Ricklin de la Zentrum, haute figure de l'autonomisme alsacien, est nommé président de la 2. Chambre.

Elsass-Lothringische Fahne/Drapeau d'Alsace-Lorraine

La Constitution acquise, il ne lui manquait plus qu'à cet Etat nouvellement créé de se doter d'un drapeau symbolisant son particularisme et son autonomie. La question fut débattue à plusieurs reprises devant le Landtag et une résolution est adoptée à l'unanimité en 1912. Malheureusement l'officialisation du drapeau n'a jamais pu être effectuée faute de réponse du gouvernement allemand.

Pendant ce temps, les tensions entre les deux puissances
s'intensifient. La France marque sa ferme volonté de Revanche sur l'Allemagne et de recouvrir les provinces perdues. La guerre menace. Devant cette situation, le pouvoir impérial impose à l'Alsace-Lorraine, devenue zone de front, une dictature militaire entrainant la suspension de la Constitution d’AL et la suppression des libertés. Une mesure très mal perçue par la population et qui anéanti toute sympathie à l'égard de l'administration allemande et de ses efforts déployés pendant plus de 40 ans. Humainement, le bilan est lourd. Au total, 380 000 Alsaciens-Lorrains sont mobilisés et envoyés sur le front russe et dans la marine impériale. 50 000 ne reviendront pas. Weit von ihrer Heimat sind sie gefallen...

Le 11 novembre 1918, le Landtag d’Alsace-Lorraine se proclame Nationalrat/parlement national dont la présidence est confiée à Eugène Ricklin. Profitant d’un vide légal suite à l’abdication de Guillaume II, le Nationalrat devient l’autorité même du Reichsland. Quelques jours plus tard, devant l’avancée des troupes française et sous l’impulsion de la révolution de novembre, elle se proclame République libre. Mais la situation est précaire et le rêve d'une Alsace indépendante semble s'éloigner. Les Français entrent dans Strasbourg le 22 novembre (d’où le nom de la fameuse rue) et mettent un terme à l’éphémère République des conseils. Malgré les liesses populaires d'une population usée par 5 années d'une guerre cruelle dont elle était l'enjeu mais dont elle ne voulait pas, ils y découvrent une Alsace-Lorraine transformée qui n'avait plus rien de commun avec celle "perdue" en 1871. L'image véhiculée par les écrits nationalistes de Barrès, les caricatures de Hansi et les témoignages des optants alsacien-lorrains ne reflétait en rien la réalité. Car Elsass-Lothringen avait renoué avec l'espace culturel germanique, connu un développement économique (industrie, réseau bancaire) et démographique jusque là inégalé dans son histoire et avait bénéficié du code civil allemand qui était alors bien en avance sur son temps (sécurité sociale, caisse de retraites, faillite civile)...

Le Reichsland ainsi que son parlement régional souverain sont officiellement dissous par les autorités françaises le 17 novembre 1919 et dès lors directement administré par un service général d’AL composé de Haut-Commissaires de la République parachutés de Paris. S’en suivirent des années de lutte politique acharnée pour contrer les mesures assimilationnistes du gouvernement qui portaient systématiquement atteinte à l’identité ethnique et religieuse des Alsaciens-Lorrains.

Ainsi s’achève une période largement occultée où les Alsaciens-Lorrains avaient acquis une autonomie mais aussi une véritable conscience politique, aux antipodes de ce que nous connaissons actuellement. Loin d'être d'éternels nostalgiques, nous entendons nous réapproprier une fois pour toute notre Histoire et de proposer une alternative au carcan parisien. Aujourd'hui plus que jamais cette alternative s'appelle AUTONOMIE!

Les autonomistes devant le palais du Landtag transformé en un vulgaire Théâtre National

samedi 24 mai 2008

La plus grande Poubelle de France dans le Krummes?

Communiqué de l'Association de Sauvegarde de la Vallée de l'Isch

Non au projet de décharge du Schwabenhof à Hirschland!

La vente de 95 hectares de terres agricoles du Schwabenhof (ferme située entre Hirschland et Schalbach) aux industriels du déchets serait une catastrophe tant écologique que sociale pour notre région d’Alsace Bossue. Au vu de la superficie qui est en jeux l’installation d’une décharge de classe 1 (càd le stockage de déchets industriels toxiques et dangereux) apparait plus que probable. Les dangers liés à la présence d’une décharge nous les connaissons malheureusement que trop bien à travers de la décharge d’Eschwiller qui est maintenant exploitée depuis 30 ans et qui est situé à 3 km du Schwabenhof:



- La qualité du sous sol argileux calcaire avec de nombreuses failles est loin de garantir l’étanchéité.
- L’air est pollué par le méthane émis par les déchets qui se décomposent. De fortes odeurs nauséabondes incommodent les riverains.
- Les nombreuses nappes et sources qui sont alimentés par les terrains du site sont contaminées.

Les exploitations agricoles voisines, leurs cultures et leurs élevages subiront toutes ces contaminations. Alors que l’Alsace Bossue est à 30% en agriculture biologique, où est la cohérence ?

15% des terres agricoles de Hirschland seront condamnées définitivement, alors que nous devrons assurer demain l’auto-suffisance alimentaire. La dépréciation foncière et immobilière touchera toute la région, plus personne ne voudra venir habiter dans un village entouré par des décharges ! La dévaluation est estimée au minimum à 30%. Le trafic routier va exploser, avec son cortège de nuisances sonores. Une centaine de camions par jour vont traverser nos villages.

Pour toutes ces raisons et parce que nous refusons de rentrer dans le Livre des Records comme la plus grande décharge de France, nous sommes fermement déterminés à empêcher la réalisation de ce projet.

Signez la petition! Déjà plus de 1000 signataires. Une manifestation contre ce projet scandaleux est prévue dimanche 15 juin.

jeudi 22 mai 2008

Collège de Ferrette: le T-Shirt de la Discorde

Jusqu'où va-t-on descendre? C'est ce que l'on peut se demander après la lecture de cet article publié sur le blog de l'association culturelle Vosegus dénonçant le nième coup bas de l'Administration et de ses petits commissaires politiques contre l'identité alsacienne. Après l'interdit linguistique, ils s'en prennent, tenez-vous bien, aux signes extérieurs d'alsacianité! La suite parle d'elle même et résume la situation de névrose dont l'Alsace tarde à se libérer.

*
Quelle est la différence entre les strings et nos T-shirts "Elsass"? Aucune, les deux sont interdits au collège de Ferrette (Pfirt en alsacien). En effet, nous avons appris que les élèves étaient priés de ne plus se présenter au collège avec nos T-shirts "Elsass" ou "110% Elsasser" sur le dos. Pire, les "dangereux" rebelles devront passer devant la principale ducollège pour une séance orale d'alsacien, histoire de voir s'ils maîtrisent le dialecte (!?). Question : s'ils maîtrisent effectivement l'alsacien seront-ils autorisés à porter les T-shirts? Voici un bien étrange traitement de faveur réservé à nos adolescents alsaciens. Les porteurs de t-shirts Italia, Algerie, Turquie, Brasil seront-ils aussi soumis à une épreuve linguistique, et les autres par exemple au look américanoïde, style gangsta de L.A. devront ils également réciter une petite prose en hip-hop style "ziva" des banlieues ?... bien sûr que non, seuls les porteurs du T-shirt "Elsass" subissent cette discrimination.

La manœuvre est inédite de vouloir culpabiliser et rendre indirectement responsable de la chute de l'usage de l'Elsasserditsch les jeunes générations francisées ou maitrisant mal l'alsacien qui représentent la majorité d'entre eux . En fait on essaye ici de faire porter le chapeau aux jeunes pour la politique d'éradication du dialecte. Culpabiliser les victimes, il fallait y penser! Le ridicule de la situation nous amène à nous interroger sur ces pratiques débiles dans l'école de la République. Après avoir fait la chasse à plusieurs générations de locuteurs alsaciens dans les cours de récréation voilà qu'ils s'attaquent aux fils et filles, petits-fils et petites-filles, qui sont pour la plupart totalement francisés, en traquant les récalcitrants parce qu'ils osent arborer fièrement leur attachement à notre Heimat, s'Elsàss sur un T-shirt. Mein Gott, des Alsaciens qui s'affirment Elsasser, quel scandale, quelle honte?!

Ce magnifique T-shirt mettrait pourtant en valeur les formes de notre principale!

Finalement c'est une grande nouvelle et malgré le grotesque entourant cette affaire, cela démontre que même francisés les jeunes Alsaciens n'ont pas perdu leur attachement à la Heimet et nous comprenons bien que cela, après des décennies d'attaques virulentes et d'érosion de notre dialecte germanique, rend les petits soldats de l'Éducation Nationale fous de rage. Rappelons que le rectorat avait déjà refusé il y a quelques mois l'ouverture d'une section bilingue au collège de Ferrette obligeant ceux qui voulait continuer le cursus bilingue à se rabattre sur le collège d'Altkirch. Y aurait-il derrière ces brimades une volonté de faire du collège de Ferrette un exemple de normalisation forcée des jeunes Alsaciens et d'étouffer le peu d'identité qu'il leur reste encore? La coïncidence est ici frappante. Cette situation totalement grotesque et absurde éveillera peut être chez nos jeunes "rebelles" alsaciens la volonté de renouer avec leurs racines et faire revivre notre langue... ce serait un formidable bras d'honneur en direction de ceux qui veulent tuer unsri Sproch, s'Elsasserditsch. On devrait presque remercier madame la principale du collège de Ferrette. N'en déplaise aux dinosaures de l'Éducation Nationale, l'Alsace et les Alsaciens sont de retour!

Découvrez la collection textile de l'association Vosegus

dimanche 18 mai 2008

In Memoriam: Ferdinand Moschenross

Libraire
Ancien membre du Mouvement Régionaliste d'Alsace-Lorraine
Rédacteur à ELSA, périodique autonomiste et fédéraliste bilingue
Fondateur de l'Elsass-Lothringischer Volksbund
Représentant alsacien à la FUEV/UFCE

60 Jahre verbissener und zäher Kampf um Autonomie und Europa der Völker
M'r Heimatrechtler errinere uns àn!

jeudi 15 mai 2008

Hohkönigsburg: un siècle d'une restauration

La ruine du Haut-Koenigsbourg, avant...

...après!


Esquisse de l'architecte Bodo Ebhardt

Portail d'entrée frappé de l'aigle prussien

Inauguration par l'Empereur Guillaume II

Visitez le site du Haut Koenigsbourg!

lundi 12 mai 2008

Un Printemps régionaliste! (2)


Bernard Wittmann (autonomiste et écrivain) et Charles Stirnweiss (actuel maire de Forbach-e Luthringer!) retracent l'épisode oublié du Rot un Wiss flottant sur la cathédrale un jour de printemps 68.

jeudi 8 mai 2008

L'Alsace prend part au débat

Pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, le débat tant attendu sur les langues régionales de France a bien eu lieu à l'Assemblée nationale mais devant un hémicycle étrangement vide (départ en weekend anticipé?). La défense de diversité linguistique en France n'est apparemment pas assez vendeur pour la majorité des parlementaires hexagons. Qu'importe, ceux qui ne daignent représenter convenablement les intérêts de leurs concitoyens ont tort car nous, on a les noms de ceux qui font les cons! L'Histoire, pour le moins mouvementée, des relations politiques entre la capitale et l'Alsace nous démontre bien que les élites parisiennes, du haut de leur tour d'ivoire, ignorent prodigieusement les spécificités des provinces françaises. Nos courageux députés, lorsqu'ils ne font pas défaut au Palais Bourbon, sont là pour le leur rappeler! Les occasions demeurant rares, saluons le député PS strasbourgeois Armand Jung (on le sait partisan de la ratification par la France de la Charte des langues minoritaires contrairement au canal local UMP au garde à vous devant Sarközy) pour sa brillante intervention qui souligne la spécificité historique, linguistique et culturelle de notre région et lui donne sa véritable dimension, une dimension au-delà des frontières étatiques rigides et vieillottes, une dimension européenne!

*
Depuis la Seconde guerre mondiale, une longue série de documents visant à reconnaître les langues régionales a été soumise à l’attention de l'Assemblée nationale. De propositions de loi en décrets et circulaires, des gouvernements de tous bords et pas moins de trois Présidents de la République, dont l’actuel, ont pris des engagements précis en faveur des langues régionales. À ce jour, pourtant, aucune de ces démarches n’a abouti. L’unité de la République serait-elle donc menacée, ou ne s’agit-il que d’un vieux centralisme jacobin ? Comment interpréter autrement la récente décision du ministère de l’intérieur de supprimer sans autre forme de procès la traduction des professions de foi en allemand en Alsace-Moselle ? Aucune raison, pas même financière, ne justifiait pourtant cette mesure blessante et inutile.

Outre qu’elles constituent un atout économique d’importance, les langues régionales, parlées par plusieurs millions de Français, sont à la fois populaires et littéraires. Jean Jaurès s’adressait souvent à la foule en occitan. En Alsace, la Révolution française s’est faite au cri de Freiheit, Gleichheit, Brüderliebe, et la Marseillaise était chantée en allemand, norme des dialectes alsacien et mosellan. C’est en alsacien que furent menées les grèves de 1920, de 1936 et de 1968 et, aujourd’hui, c’est en alsacien que les supporters soutiennent leur équipe de football, le Racing Club de Strasbourg ! Le premier poème rimé en allemand vient d’Alsace, de même que la première Bible allemande imprimée. Le premier roman populaire et le premier journal en langue allemande ont été publiés en Alsace. Ces œuvres, au même titre que celles d’Aimé Césaire, enrichissent le patrimoine culturel français. Entre leur langue régionale et la langue nationale, les Alsaciens et les Mosellans peuvent s’entretenir et travailler avec cent millions de francophones et autant de germanophones. L’économie régionale s’inscrit dans le bassin rhénan, et l’alsacien représente un puissant atout économique. Songez que 12 % des actifs alsaciens travaillent en Suisse alémanique ou en Allemagne !

L’alsacien, parlé par 650 000 personnes, est l’une des langues régionales les plus répandues et les mieux transmises avec le corse – le taux de transmission familiale résiduelle est de 10 % de locuteurs d’une génération à l’autre. Hélas, à ce rythme, qu’adviendra-t-il des 10 000 derniers locuteurs en 2050, sachant qu’il faut 100 000 locuteurs environ pour garantir la survie d’une langue ?

Le cas de l’Eurodistrict de Strasbourg, Kehl et Ortenau, créé par MM. Chirac et Schröder, est symptomatique. Comment tolérer que les débats s’y déroulent avec l’aide de traducteurs ? Il y a trente ans à peine, l’Alsace fournissait l’essentiel du personnel germanophone de France dans l’enseignement, la diplomatie, l’armée ou les entreprises. Aujourd’hui, elle ne compte plus assez de germanophones pour satisfaire ses propres besoins !

À la veille d’une révision substantielle de la Constitution, il est impossible de ne pas envisager d’en modifier l’article 2, afin d’y faire référence aux langues régionales qui font partie intégrante de notre patrimoine commun. Voilà qui ouvrirait du même coup la voie à la ratification de la Charte européenne des langues régionales, signée par le gouvernement de M. Jospin.

Il n’y a pas de langue supérieure. La richesse de notre histoire commune réside précisément dans notre diversité. Reconnaître les langues et les cultures régionales, c’est accepter la place de l’autre. Ne pas le faire, c’est prendre le risque de réduire cette diversité à une situation unilingue et uniforme.

Si je me félicite de la tenue de ce débat, je mets néanmoins en garde le Gouvernement contre la tentation de faire miroiter de faux espoirs à nos concitoyens, sous peine de provoquer la déception, voire la révolte de celles et ceux qui attendent depuis si longtemps la reconnaissance par la République de leur spécificité linguistique.

J’ajoute, Monsieur le Président, qu’un premier pas vers cette reconnaissance consisterait à s’efforcer de prononcer correctement les noms des députés que vous appelez à la tribune!

Voir l'ensemble des interventions

mercredi 7 mai 2008

Le débat est clos

Enfin, rede m'r nimm devun...

Christine Albanel, ministre de la culture, conclut le débat sur les langues régionales ouvert à l'assemblée nationale ce mercredi 7 mai 2008:
Le Gouvernement ne souhaite pas s’engager dans un processus de révision constitutionnelle pour ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, et cela tout d’abord pour des raisons de principe. Le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 15 juin 1999, avait en effet relevé que la ratification de la Charte supposait l’adhésion à son préambule, aux dispositions générales et à ses objectifs et principes, qui ne sont pas dépourvus de toute portée normative. La ratification de la Charte implique la reconnaissance, qui n’est pas seulement symbolique, d’un droit imprescriptible de parler une langue régionale, notamment dans la sphère publique. Ce droit, qui figure explicitement dans son préambule, est, comme l’a souligné le Conseil, contraire à des principes constitutionnels aussi fondamentaux que l’indivisibilité de la République, l’égalité devant la loi et l’unité du peuple français. Le problème va donc au-delà de l’articulation de la Charte avec l’article 2 de la Constitution : cette ratification engagerait notre noyau dur constitutionnel, qui interdit de conférer des droits particuliers à des groupes spécifiques, et qui plus est sur des territoires déterminés. D’ailleurs, l’expression de «minorité linguistique», qui tend à faire penser à des minorités opprimées, me paraît contraire à la philosophie et à la réalité de notre République.

mardi 6 mai 2008

Un Printemps régionaliste! (1)